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LE RÉVEILLON

je remonte jusqu’au paradis terrestre. Si j’insiste sur mon nom prédestiné, c’est pour vous faire comprendre mieux la convenance d’une intervention divine en ma faveur, aux jours de mon enfance si lointaine déjà. J’avais dix ans et j’en ai quatre-vingt-dix. Donc, vous tous qui arrivez joyeux de La « Minuit, » vous ne saviez pas encore ce que le ciel avait d’amour pour la terre, et vous attendiez dans le néant l’heure bénie de l’existence. J’avais dix ans et je ne savais pas grand’chose non plus… et je ne sais rien encore. Au catéchisme du dimanche, entre messe et vêpres, le curé nous expliquait bien des mystères… ou plutôt, il nous expliquait les raisons de croire aux mystères, et c’était déjà saisissant de beauté. Pourtant ma jeune intelligence se montrait rétive. Je voulus la dompter. Elle devait comprendre, puisqu’autour de moi tout le monde paraissait comprendre et ne s’étonner de rien. Et je la domptai en effet. Une chose m’avait intéressé vivement