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LE SPECTRE DE BABYLAS

beaucoup que l’on s’enrichit, mais que c’est en dépensant peu.

— Tous nos bras s’en vont à la manufacture !

Frappé de la remarque opportune de mon ami, je m’écriai :

— L’amour de la vie libre, loin du foyer paternel, prépare pourtant de lourdes chaînes aux enfants trop tôt émancipés !

Le patriotisme, cette religion humaine, sœur bien-aimée de la religion divine, le patriotisme sent faiblir l’élan qui l’emportait, et l’oubli des exigences sévères de la morale, amène la mollesse du caractère !

On ne prie pas, et le flambeau de la foi s’éteint vite quand il n’est pas ranimé par le souffle sacré de la prière !

Certes ! loin de la maison des vieux parents, ou loin du soleil de la patrie, toutes les énergies ne s’étiolent point, tous les beaux sentiments ne sont pas inconnus, tous les nobles désirs ne sont pas vains, tous les fruits du labeur ne sont pas perdus ! Il y a des efforts qui triomphent, des volontés qui sont invincibles, des sou-