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LE RÉVEILLON

installée sur des chevalets, dans la chambre de compagnie. C’était très suggestif, cette longue table recouverte de nappes de toile blanchies par la lessive, et garnie de plats et d’assiettes aux larges fleurs rouges émergeant d’un feuillage bleu.

Les yeux fouillaient avec plaisir les mets alléchants de l’inventive cuisinière, et les oreilles s’ouvraient volontiers au cliquetis des couteaux et des fourchettes, comme au choc des verres.

On taillait de larges bouchées, on versait d’abondantes rasades, en l’honneur du divin nouveau-né.

C’était le réveillon de Noël.

La fête avait commencé par un cantique :

« Il est né le divin enfant,
Jouez, hautbois, résonnez, musettes…


et les chanteurs, qui ne connaissaient ni le hautbois, ni la musette, disaient,