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LE RÉVEILLON

voit baptiser en détail, et, superbe Saint-Laurent partout, il s’appelle quelque part le Trou de Saint-Patrice.

Il en est des saints comme de nous, les uns ont plus de vogue que les autres. Deux ou trois syllabes harmonieuses suffisent pour éveiller la dévotion d’une oreille musicale, et voilà Sainte-Cimégonde lancée. Ou bien un besoin jaloux de barrer le chemin aux autres, et l’on proclame Saint-Protais. Celui-ci soutient que l’honnêteté n’est qu’un mythe, et il veut que son village invoque Saint-Pancrace. On ne saurait dire où s’arrêtent la confiance et la dévotion des nôtres. Pourvu que ce ne soit pas à la condition tacite, que ces glorieux protecteurs ferment les yeux sur les peccadilles de tous les jours, et ne parlent jamais, au Seigneur trois fois juste, d’une mesure un peu faible ou d’un poids un peu faux.

Donc, cette nuit-là, il y avait réveillon chez le père LeMage, et j’étais, sans le savoir, un des premiers invités. Ni parent, ni ami pourtant. Un simple hasard d’é-