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LE COUP DE FOURCHE

un air de défi. La colère bouillonnait au fond de son âme insoumise.

— Si toujours il faut travailler comme cela pour rien, grommelait-il, il vaut mieux se croiser les bras alors. Le foin est bon ; la récolte rapporterait quelque chose ; allons ! vous ne méritez pas ça, malheureux habitants… Perdez tout et crevez de faim… Et les jurons partirent comme une fusée brûlante.

Le nuage montait vite. Le tonnerre grondait et des éclairs aveuglants déchiraient le ciel ténébreux. Les gouttes de pluie tombèrent sur le foin, qui se mit à crépiter comme un feu de branches. Les travailleurs revinrent à la maison. Jacques courut, lui aussi, se réfugier à son foyer, mais il ne partit qu’au dernier moment. Il espérait toujours que ce ne serait pas grand’chose, mais, quand il passa devant le calvaire, le nuage creva et l’eau se précipita comme d’une cataracte. Il eut un infernal emportement.