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LE COUP DE FOURCHE

peinte sur cette figure penchée. Les yeux voyaient encore et regardaient à travers des larmes. Ils regardaient l’apôtre aimé et la mère des douleurs. La bouche, amèrement entr’ouverte, paraissait dire :

Enfant, voilà ta mère, femme, voilà ton fils !

C’était ce calvaire que l’on voyait étinceler, tout à l’heure, sous le baiser de la lumière du soir.

* * *

Le jour de l’accident, le soleil de la matinée avait été chaud, le foin coupé de la veille avait séché, en saturant l’air de senteurs enivrantes, et les faucheurs continuaient à promener la faux sonore dans les prairies. Les faneuses, en chapeau de paille, piquant dans le gazon les fourches de saule devenues inutiles, prenaient les râteaux aux dents de bois dur, pour amasser en andains le foin plein de soleil.

La serrée allait être bonne et l’on en-