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LE COUP DE FOURCHE

priez une minute, au pied de la croix, pour l’âme de Jacques Le dur.

Priez pour l’âme de Jacques Ledur… répéta lentement Georges Valin, qui n’avait guère l’habitude de ce passe-temps.

Et il ajouta d’un ton un peu goguenard :

— Je suppose qu’il y a une histoire au fond de cela ?

— Il y a une histoire, en effet, affirmai-je.

— Eh bien ! dis-la-nous, si elle n’est pas trop longue.

— Je vais abréger ; mais je ne puis toujours pas en dire le dernier mot tout de suite, ce serait d’un conteur maladroit. Écoutez bien.


* * *

Un jour, dans la première heure de la relevée, Jacques Ledur entra chez lui, revenant du champ. Il était blême et chancelant, comme un homme ivre, lui qui ne prenait jamais un coup de trop. Sa main droite tenait une fourche de fer