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PETITE SCÈNE

espérances à jamais évanouies !… Qu’avait-il fait, son fiancé, pour mériter un pareil sort ?… Allait-elle protéger son assassin maintenant ?… Car c’est un assassin, ce patriote qui est là… dans sa chambre, à elle !… dans sa chambre ! Ô la profanation !… Pourquoi cet homme n’expierait-il pas son crime ?… Était-elle obligée de le cacher ainsi, puisqu’il lui faisait tant de mal ?… C’était involontairement, c’est vrai, sans le savoir… mais était-il nécessaire de se révolter ?… Si encore c’eût été dans la chaleur du combat, face à face !… Elle voyait la blessure béante, elle entendait les plaintes du mourant !… Ô angoisse ! ô torture ! ô désespoir ! Elle était pâle et les pleurs l’inondaient.

Sombre, indécis, son père la regardait.

Les soldats étaient dans la stupeur.

Soudain elle se leva, marcha vers sa chambre et en ouvrit la porte. Sur le seuil, elle parut hésiter ; ses regards mouillés semblaient chercher quelque