Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.
346
PETITE SCÈNE

— Les voici ! reprit Després.

Et, se tournant vers la jeune fille, il demanda de nouveau.

— Voulez-vous me sauver ?

Il n’y avait plus une minute pour la réflexion ; il fallait écouter l’instinct, ou, plutôt, le cœur.

— Entrez, là, répondit-elle.

Elle montrait sa chambre ; et sa parole tremblait sur sa lèvre pure, comme si elle eut avoué une grande honte.

— Que fais-tu ? demanda son père avec reproche.

— Je sauve un malheureux.

— Un traître !

— À cette injure, André Després s’était arrêté sur le seuil de la chambre virginale.

— Trois nouveaux coups retentirent, plus forts, plus impérieux.

— Mon père ! supplia Emmélie.

— Eh bien ! soit, puisque tu le veux.

Et plus bas, entre ses dents serrées, il grommela :

— Les maudits patriotes !…