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PETITE SCÈNE

toura le village d’un cercle de fer, avec ses deux mille soldats et ses huit canons, une clameur fit tressaillir d’émoi les murs sacrés du cloître.

— Vive la patrie !

Chénier était au milieu de cette troupe. Després l’aborda.

— Plusieurs d’entre nous n’ont pas d’armes, observa-t-il.

Le patriote répondit avec calme :

— Plusieurs d’entre nous seront tués, les autres prendront leurs armes.


II


La résistance des patriotes fut vigoureuse, désespérée, mais inutile. Ils durent fléchir devant le nombre mieux armé, et devant l’implacable incendie qui s’allumait partout.

Obligés d’abandonner le couvent dont les pignons flambaient, l’église devint leur dernier refuge. Par les fenêtres ouvertes ils firent pleuvoir sur l’ennemi leurs dernières balles ; et quand les chevrons du