Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/367

Cette page a été validée par deux contributeurs.
341
D’UN GRAND DRAME

Les pauvres fous, que le bon curé venait de faire rentrer dans l’ordre, étaient des patriotes. Ils s’étaient réunis dans le couvent du village comme dans une citadelle. Ils rentrèrent dans leurs foyers, tristes et la tête penchée comme sous le poids d’une action mauvaise.

Ils sauvaient leur vie pour ne pas perdre leur âme.

Mais André Després était resté, lui ; il était resté seul. Il comptait qu’il en viendrait d’autres, et qu’enfin les bataillons de Colborne ne pourraient se vanter d’avoir vu les portes s’ouvrir comme pour les recevoir, et les mains se tendre comme pour les supplier.

En effet, plusieurs de ceux qui avaient obéi à l’injonction du curé, revinrent avec leurs armes et le front haut. D’autres arrivèrent du Grand-Brûlé et de Saint-Benoit. La troupe se reforma ; le courage se réveilla dans ces cœurs naïfs ; l’espoir fit sourire ces victimes volontaires ; et quand le vieux Colborne en-