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LE SPECTRE DE BABYLAS

Célestin me dit :

— Tu vas comprendre. Au reste, tu connais le monde mieux que je ne le connais moi-même, et tu sais avec quel plaisir il pratique la médisance et la calomnie. On dirait qu’il n’y a qu’une certaine somme de vertus à se partager, et que plus il y en a ici, moins il y en a là.

— À propos de quoi cette tirade ?

— Parce que l’infortunée que tu viens de voir a été calomniée, et que des gens implacables la montrent encore du doigt en disant :

— C’est une punition.

— Je sais, répondis-je, que nos gens aiment à faire intervenir Dieu dans leurs petites affaires. Ils rétrécissent le cercle de notre liberté. Quand ils ne vivent pas en bon compagnonnage avec le ciel, ils deviennent fatalistes, et disent en branlant la tête :

— Cela devait arriver.

— Te souviens-tu de la mère Fanfan ? demanda mon ami.