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LE LOUP-GAROU

commençaient si bien. Les violons vibraient sous le crin rude des archets ; les danses faisaient entendre au loin leurs mouvements rythmés ; les pieds retombaient en mesure comme les fléaux des batteurs de grain. Or, pendant que le rire s’épanouissait comme un rayonnement sur les figures animées, et que les refrains allègres se croisaient comme des fusées dans l’atmosphère chaude, le premier coup de minuit sonna. Le « marié » s’esquiva sournoisement. Il sortit.

Minuit, c’était l’heure marquée pour le départ. Les violons détendirent leurs cordes mélodieuses et ne chantèrent plus. Le garçon d’honneur s’avança alors dans la foule agitée par le plaisir et demanda :

— Le marié eist-il ici ? Il faut qu’il me suive ; il est encore mon prisonnier. Demain une jolie fille le délivrera.

Ce fut d’abord un éclat de rire. Puis, après un moment, l’un des convives dit qu’il l’avait vu sortir, au coup de minuit, par la porte de derrière. Il était nu-tête.