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LE LOUP-GAROU

de sa jeune amie. Un enterrement joyeux, celui-là. Pas de tombe noire ni de cierges mélancoliques ; pas de psaumes lugubres ni de fosse béante où s’entassent, avec un bruit sinistre, les pelletées de terre bénite ; mais une table chargée de mets appétissants, des bougies pétillantes, des refrains égrillards, des verres profonds où tombaient, avec un gai murmure, les gouttes d’or de la vieille « jamaïque. » Les dépouilles mortelles, c’étaient toutes les aimables folies auxquelles on disait adieu.


III

Les amours fidèles de Catherine et de Misaël duraient depuis un an, et le mariage devait avoir lieu après le carême.

En ce temps-là le carême était rude : l’abstinence et le jeûne recommençaient chaque jour. Nos pères étaient de grands pécheurs ou de grands pénitents. Ils étaient plus forts que nous, à cause de la vie des champs et de l’arôme des bois.