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LE LOUP-GAROU

faisait des niches à la destinée. À l’entrée de l’existence où je me trouvais placé, je regardais la vie par le gros bout de la lunette. Elle se perdait dans un lointain mystérieux. Ô la douce illusion !

Je n’ai fait qu’un pas de l’enfance à la vieillesse. Le temps d’espérer en vain, d’aimer en fou, de rêver en poète et de souffrir en martyr. C’est tout. Mais il ne faut pas que je m’oublie à parler de moi ; c’est du loup-garou à Geneviève Jambette que je dois vous entretenir aujourd’hui.

Pauvre Geneviève, elle était vieille déjà quand elle nous racontait ses histoires si vraies !

— Satanpiette ! disait-elle, c’est la pure vérité. Demandez à Firmin.

Firmin, c’était son frère.

Elle demeurait à deux lieues de l’église, et pour ne pas manquer la messe, elle arrivait la veille des fêtes et des dimanches. Combien, dans nos campagnes brûlantes de foi, font ainsi toujours !