Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.
316
L’ANNEAU DES FIANÇAILLES

première, la plus solennelle, la seule universelle peut-être, ce fut quand le père Belleau, une petite moustache sur une grosse lèvre, un ventre rebondi, paré, sur le côté, d’une pesante breloque, proposa la santé des fiancés. Au même instant Noé, mon ami Noé, tout ému, rouge comme un coquelicot, passa, au doigt d’Amaryllis, l’anneau précieux qu’il conservait depuis si longtemps dans la ouate. Amaryllis poussa un petit cri de surprise, et nous crûmes qu’il lui serrait trop l’annulaire. Elle se prit à regarder le joyau avec une grande attention, puis on la vit pâlir.

Le fiancé était tout fier. Le père débitait son discours de circonstance, avec une verve digne d’une meilleure grammaire. Quand il eut fini, il se pencha sur la main de sa fille.

— Oh ! fit-il, d’une voix drôle.

Puis un moment après :

— Je ne croyais pas qu’il y en eût deux pareils.

Noé devenait rêveur. Amaryllis gardait