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L’ANNEAU DES FIANÇAILLES

Enfin nous parvenons à ouvrir cette porte que l’on croyait à jamais fermée sur le mort, et nous réunissons toutes nos forces pour enlever le lugubre fardeau, et le hisser sur le bord de la fosse béante. Un autre éclair illumina les airs et des reflets blafards descendirent jusque sur la tombe encore ouverte, au fond du trou. Le cadavre que nous tenions reçut la lumière en pleine figure. Nous ne pûmes retenir un cri. Nous avions fait erreur. Notre guide s’était trompé.

Nous étions venus chercher un pauvre diable de matelot décédé à l’hôpital, et nous avions entre les bras les dépouilles mortelles d’une femme. Il était trop tard pour recommencer. Nous étions tous un peu fatigués aussi. Et puis, le sujet ne servirait pas moins bien la science, quand il serait sur la table de marbre de la dissection. Pour apaiser la conscience qui avait des velléités de révolte, la gourde fut vidée. C’est l’argument suprême. Les remords se turent, et nous filâmes au trot vers la cité mal endormie.