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LES MARIONNETTES

route, le front encore humide du premier baiser, et le cœur débordant d’une ivresse nouvelle, quand une femme inconnue l’aborda. Cette femme tenait par la main un enfant d’une dizaine d’années. Tous deux étaient misérablement vêtus. Le petit garçon marchait avec peine et pleurait beaucoup. Il était malade. Il grelottait, et malgré la tiédeur de l’air, ses petites dents claquaient sinistrement.

La jeune fiancée conduisit à sa mère les deux misérables créatures, et quand le petit malade fut débarrassé de ses guenilles, lavé dans une eau pure et proprement habillé, elle le prit dans ses bras et le déposa sur un bon lit.

Pendant plusieurs jours, pendant plusieurs nuits elle veilla à son chevet.

Cependant le mal empirait. Une fièvre maligne consumait ce petit corps déjà épuisé par les fatigues et les privations. La mort arriva.

La mère était partie déjà, heureuse peut-être de n’avoir personne à traîner désormais sur le chemin public.