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LES MARIONNETTES

À la dixième ronde, ils roulèrent l’un et l’autre sur l’arène et ne se relevèrent plus. Ils étaient morts. Ils étaient morts illégalement, l’un ayant frappé trop haut et l’autre, trop bas. Aussi le diable vint-il les chercher. Un diable noir, au nez crochu, au front garni de cornes, au dos agrémenté d’une bosse, et terminé par une longue queue dévotement portée par quatre diablotins…

* * *

Quand l’enfer se fut refermé sur les restes meurtris des lutteurs, un ange parut. Il avait des ailes aux épaules mais ne s’en servait pas. Il était singulièrement attifé pour un ange. Il paraissait couvert de haillons, mais de haillons brillants. Des lambeaux qui semblaient une parure étincelante. Les déchirures laissaient passer des rayonnements. Il avait l’air fatigué cependant : peut-être venait-il de loin, peut-être avait-il souffert. Il se dirigea vers un coin de la place et,