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LES MARIONNETTES

tueux. Sur la route, des piétons à la mine piteuse regardaient, d’un œil d’envie, ce déploiement de luxe, et secouaient, d’une main encore blanche, la poussière des roues qui les éclaboussaient.

Dans ces voitures de gala, il y avait de grandes dames et de gros messieurs. Toutes les dames paraissaient belles ; seulement, les unes ressemblaient au matin et les autres, au soir. Les unes portaient, dans leur chevelure, l’or des blondes avoines, les autres, un léger duvet de neige, ou l’ébène d’une aile de corbeau. Tous les hommes paraissaient polis, mais ils saluaient d’une main calleuse et avec un peu de vanité.

C’était le défilé des travailleurs heureux. C’était la procession des parvenus, comme ceux qui vont à pied.

Il y avait des entrepreneurs de toutes sortes de choses et des négociants en tout genre ; des spéculateurs aux aguets ; des exploiteurs de médecines hardiment patentées ; des ouvriers de toutes les heures ;