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LES MARIONNETTES

Ainsi pendant dix longues minutes, et l’on finit par s’entendre, je crois, car l’on n’entendit plus rien.

Nous fûmes témoins, ensuite, d’un autre spectacle assez plaisant aussi. C’était le monde renversé, et la scène se passera vers la fin du siècle prochain. Il ne s’en portera pas plus mal, le monde, et, au lieu d’être à l’envers il aura peut-être repris sa position normale des premiers jours. Au reste, si c’est un mal, un autre siècle le guérira. Laissons rouler la machine. L’habitude de voir un défaut rend indulgent ; mais l’on finit souvent, hélas ! par douter d’une vérité qui est sans cesse souffletée…

C’était l’heure de la promenade. Nous vîmes défiler, sur une route imaginaire, de superbes carosses attelés de chevaux richement caparaçonnés. Haut juchés sur leur siège, des cochers avec chapeau de soie sur la tête, boutons d’or sur la poitrine et galons brillants sur toutes les coutures, conduisaient ces équipages fas-