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LES MARIONNETTES

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Après cela, nous fûmes introduits dans un petit salon intime. Quand je dis : introduits, vous comprenez ce que cela signifie. Ici encore nous vîmes un spectacle assez amusant, mais pas commun du tout, et qui ne se trouve guère que dans l’imagination des romanciers.

Quelques tables rondes et beaucoup de chaises vernies meublaient ce petit salon. Sur les tables, il y avait des tapis verts, et sur les tapis verts, des jetons d’ivoire. Assises au tour de ces tables, des femmes élégantes tenaient, comme des éventails, dans leurs mains blanches, des cartes chiffrées dans les coins.

Presque toutes fumaient des cigarettes, et, de leurs bouches roses, montaient sous un souffle légèrement odorant, les molles ondulations d’une fumée grise.

On entendait de toute part le son mat de la monnaie de convention, puis des phrases courtes, des mots pleins de sens