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LES MARIONNETTES

Je secouai la neige qui me couvrait, et, d’une main légèrement frémissante, je soulevai la clenche d’acier. Alors de l’intérieur j’entendis :

— Le voici ! le voici !

— Toujours fidèle à la parole donnée, dis-je en entrant.

La salle, très grande pourtant, contenait à peine la foule curieuse. Évidemment je plaisais et mes récits étaient amusants.

Je me délectais dans ma vanité, quand une douce voix de jeune fille annonça :

— Pas d’histoire, ce soir !… Les marionnettes !… On va bien s’amuser !

— Ils t’attendent pour commencer, me dit le père Jean Duval.

— C’est trop d’honneur à me faire, répliquai-je, un peu refroidi, un peu humilié même.

— Ce sont des marionnettes nouvelles, affirma la mère Duval. Elles vont agir comme du vrai monde… Nous allons rire.

— En effet, le monde prête bien à rire, ajoutai-je rudement.