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LES MARIONNETTES

di dans nos veines. Il est comme le bon vin, il gagne à vieillir. Quelque chose nous disait d’attendre et d’espérer. C’était sans doute la voix de notre ange gardien, de cet ange fidèle qui jadis suivit la France sur nos bords… Attendons, espérons…

Allons ! fit-il se reprenant, voilà que je m’emballe… Où suis-je rendu ?… Je ne suis plus sur le chemin de Châteauguay… Revenons sur nos pas. Châteauguay !… C’était le vingt-six octobre mil huit cent treize ; je m’en souviens comme du premier baiser que j’ai donné à ma chère défunte… Nous avions abattu des arbres pour nous faire un rempart ; nous avions démoli les ponts, pour empêcher les troupes ennemies de franchir la rivière et de s’avancer vers nos beaux villages. Nous étions bien décidés à mourir là, à notre poste, sous les yeux de notre commandant, comme vos gens de l’ancien temps.

Tout à coup voici qu’un long Yankee se détache de l’armée bostonnaise, et s’ap-