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LES MARIONNETTES

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J’aurais dû vous dire, peut-être, que les gens de notre canton me demandaient souvent de leur raconter des histoires. Tantôt ils venaient chez mon père et tantôt j’allais chez eux. Je les amusais surtout avec des récits anciens.

Sans sortir de son village, on peut ainsi donner aux voyageurs qui viennent de loin, la monnaie de leur pièce.

Parfois ils prenaient la parole, et les récits alternaient. Je n’avais pas toujours l’avantage. Ainsi je parlais, un soir, de l’héroïsme de Léonidas et de trois cents Spartiates, aux Thermopyles, dans ce défilé célèbre que les Grecs de nos jours n’ont pu, hélas fermer à l’invasion du cimeterre et du croissant.

— Bah ! me réplique un de mes vieux auditeurs, les Thermopyles, ce n’est pas plus beau que Châteauguay, et Salaberry vaut peut-être Léonidas…

Savez-vous qu’à Châteauguay nous n’étions que trois cents, nous aussi ?…