Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
LES MARIONNETTES

révélation, ils se rendirent tous au chœur, dans les premières stalles, avant « l’Asperges » même, se mirent à feuilleter d’une main fébrile leurs manuels de plain-chant, puis s’arrêtèrent soudain, comme fascinés par certains caractères merveilleux.

La messe commença. À « l’introit, » ils parurent distraits. Longues et brèves s’envolaient également vite, et le « Gloria Patri » ne se fit pas attendre. Mais voilà que tout à coup ils prennent un air grave et, fiers de leur science trop longtemps ignorée, ils entonnent le « Kyrie » avec un ensemble, une force, une chaleur vraiment superbes, tout en regardant le curé du coin de l’œil, comme pour lui dire :

— Qu’en pensez-vous ?… Le grec ça nous connait, allez !

Ils s’étaient empressés de faire part à leurs familles de cette grande nouvelle, qu’ils parlaient au bon Dieu comme de vrais grecs, le dimanche, à l’église. Or, quand ils commencèrent le « Kyrie, » des