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MARIETTE

passer devant ses yeux les lettres de son ami ; désireux surtout d’améliorer le sort de sa famille, Pierre Verchamp, le frère de Mariette, alla rejoindre Desruisseaux, aux métiers des grandes fabriques.

Tristes furent les jours qui suivirent le départ du frère de Mariette.

L’hiver passa avec ses tourbillons de neiges, ses froids vifs, ses nuits étoilées ; le printemps rendit aux champs leur verdure, aux bois leurs feuillages, aux ruisseaux leurs murmures ; l’été ramena les oiseaux à leurs nids et les fleurs aux arbustes, mais le chagrin des pauvres femmes ne passa point, et rien ne ramena auprès d’elles les deux êtres regrettés.

Madame Verchamp ne se laissait pas aller au désespoir cependant. Elle souffrait avec patience, mais sa résignation n’était pas l’affaissement morne des âmes sans espérance. Elle éprouvait les consolations des humbles. Elle conversait avec le ciel. Les orgueilleux se moquent bien de ces relations intimes qui se nouent