Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
MARIETTE

Alors, restez où vous êtes et accomplissez votre œuvre en hommes et en chrétiens. Restez dans votre patrie surtout, car la patrie doit être pour ses enfants le meilleur et le plus beau pays du monde.

* * *

Les travaux de la ferme terminés, Octave Desruisseaux ne trouvait, chez les cultivateurs, qu’un salaire fort modique, et cela le contrariait d’autant plus que l’ambition se réveillait avec l’amour dans son cœur de vingt ans.

Il prêta l’oreille aux récits un peu fantaisistes de ses aînés, qui revenaient au pays vêtus de noir, gantés de chamois, le chapeau de soie sur l’oreille, et la breloque dorée sur le gousset. Il se laissa convaincre et partit.

Mariette pleura beaucoup. Rien de désolant comme la pensée de ne plus voir une personne que l’on aime. L’âme se sent tomber dans un vide froid, et elle se replie