Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
MARIETTE

qui font ma joie, et voici que ma porte s’ouvre pour laisser passer des tombes !

Des espoirs envolés, des plaisirs fugitifs, des consolations éphémères, un travail pénible, des inquiétudes, des soucis, la maladie, l’oubli, l’indifférence, les morsures de l’envie, la crainte de la misère, les revers, les infirmités, l’énergie qui s’émousse, la mémoire qui s’en va, l’œil qui s’éteint, l’oreille qui se ferme, l’esprit qui se refroidit, le corps qui s’affaisse, voilà la vie !

Et c’est pour cela que l’homme serait fait ? Absurdité !

Si encore il n’y avait que quelques malheureux, on pourrait croire à un accident. Mais la désolation est universelle ; la douleur est de tous les temps et de tous les lieux ; la souffrance est de tous les âges !…

Alors ?

Alors, cette vie est une épreuve, et il y en a une autre.