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MARIETTE

dans le foin parfumé. Les cigales, cachées dans le feuillage des grands arbres, jetèrent comme des fusées leurs trilles vibrants. Des oiseaux, entraînés par le plaisir, se mirent à voltiger d’une aile folle, en éparpillant de joyeuses notes… Et des rires s’égrenaient de toute part. Jamais fête plus belle n’avait fait tressaillir ces champs tant de fois moissonnés.

Faucheurs et faneuses reprirent leur travail. D’un bras infatigable, Octave Desruisseaux couchait les andains pleins d’arôme, mais son esprit hantait le clos voisin.

Les pensées des jeunes amoureux se fondaient mystérieusement. Dans l’après-midi, les faneuses quittèrent leurs fourches et s’armèrent du râteau. Le foin séché par l’ardeur du soleil fut amassé, lié avec des harts de coudrier, et transporté sur les fenils.

Octave et Mariette se rencontrèrent et se sourirent.