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LA DERNIÈRE NUIT

face, sa bouche s’entr’ouvrait comme dans une surprise horrible.

— Du sang ?… Le crucifix !… dites vous ?…

— Oui… regardez… le crucifix saigne … balbutia-t-il.

Je ne voyais rien.

— C’est pour l’amour de vous, répliquai-je. Demandez pardon, le bon Dieu veut vous pardonner.

— Vous croyez ?

— Je vous le promets au nom de Dieu lui-même.

— C’est pour elle qu’il saigne…

Je ne comprenais pas.

— Pour elle, dites-vous ?… qui, elle ?…

— La jeune fille… qui est agenouillée… à ses pieds et qui pleure…

— Il rêve, il a une hallucination, me dis-je.

Il ajouta d’une voix plus basse et comme avec terreur :

— C’est sa petite fille… c’est à elle… à elle…