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LA DERNIÈRE NUIT

On savait que la conscience de ce vieux riche n’était pas précisément une feuille de route pour le céleste séjour. Le sermon de la montagne et les béatitudes n’avaient jamais eu à ses yeux la valeur de la multiplication des pains.

Il n’avait pas été pauvre d’esprit.

Il n’avait jamais été excessivement doux.

On ne l’avait jamais vu pleurer.

Il n’eut jamais faim ni soif de la justice.

Il n’abusa point de la miséricorde.

Son cœur n’eut point la pureté du cristal.

Par exemple, il fut pacifique et ne souffrit jamais de persécution… pour la justice.

* * *

Après avoir pleuré, après avoir gémi, Séraphine, la jeune délaissée, tourna ses regards vers le petit Christ de cuivre qui pendait au-dessus de son lit blanc. Elle crut voir des gouttes de sang sur le front,