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LA DERNIÈRE NUIT

meure dans le même rang que lui, m’avait affirmé que la « grand’demande » était faite. Je le croyais bien, car j’avais vu le promis et le père nourricier de Séraphine descendre ensemble du champ, un soir, et parler sérieusement, très sérieusement. Ils étaient tellement absorbés qu’ils ne m’ont pas vu. Cependant, les bans n’avaient pas été publiés ; je l’aurais su. Au reste, je vais à la grand’messe tous les dimanches, et j’écoute les paroles qui tombent du haut de la chaire, les annonces surtout.

Il paraît — je n’affirme pas, il se fabrique tant de nouvelles en nos villages, — il paraît que tout le chagrin de Séraphine vient du retour, parmi nous, d’une jeune fille absente depuis cinq ans. Vous savez de qui je veux parler ? C’est de Zulma Laron, une petite-fille au père Rasoy, au défunt père Rasoy, je pourrais dire, puisqu’il est mort à l’heure qu’il est. On la disait cousue d’or. Elle est petite, mais droite comme un I, ce qui la fait paraître plus grande.