Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
217
LA DERNIÈRE NUIT

Un jour, une parole de tendresse, souvent menteuse, réveillera au fond de leur cœur un sentiment nouveau. Ce sentiment délicieux et un peu confus, d’abord, se fera jour bientôt par d’enivrantes et chaudes bouffées. C’est un réveil, une résurrection. Une heure de calme succède ; l’esprit veut réfléchir, la conscience s’alarme, la prudence parle. Mais tout à coup un nouveau souffle mystérieux monte plus doux et plus brûlant, l’âme se dilate d’aise, l’imagination ouvre une aile hardie, et tout l’être, ravi, se sent emporté aux régions divines de l’amour.

Et comme la jeune fille qui aime sait bien arranger, dans ses rêves, l’existence du bien-aimé ! Jamais homme n’aura reçu tant de baisers sur son front serein !… Jamais âtre où la flamme pétille n’aura entendu plus aimable entretien, !… Jamais plus invitants sourires n’auront salué le travailleur revenant de l’ouvrage !… Jamais humble toit n’aura caché si grande