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LE JEUNE ACROBATE

qu’elle n’avait jamais vu de si beaux cheveux. Le jeune acrobate répliqua, en souriant, qu’ils étaient tout de même un peu nuisibles, mais qu’il les gardait ainsi en souvenir de sa mère qui les aimait tant. Et il ajouta avec un profond soupir :

— Pauvre mère ! pauvre mère !

Une voix d’homme, une voix de vieillard demanda, tremblante et forte :

— Est-elle morte votre mère ?

— Je ne le sais pas, répondit le jeune gars, il y a dix ans que j’ai été enlevé à son amour.

— Tais-toi ! gronda quelqu’un, derrière le rideau.

Le vieillard s’était approché de l’estrade, et fixait l’acrobate d’une façon étrange, cherchant à faire revivre des traits effacés, peut-être.

Tout à coup, une femme se leva, criant d’une voix déchirante où la crainte et l’espoir vibraient également fort :

— Mon Dieu ! si c’était mon enfant, mon petit Albert-Victor !