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LE JEUNE ACROBATE

là qu’est la magie. Quant au ruban rose, j’en ferais une boucle pour les cheveux de ma mie.

Puis, entre autres choses stupéfiantes, il s’arma d’un couteau dont il fit reluire la lame à la lampe fumeuse, et d’une voix grave et légèrement tremblante, il annonça qu’il allait se couper le poignet. Il y eut un frémissement d’horreur. Il n’écouta point la terreur des femmes, et bravement, il fit glisser le taillant du couteau sur son bras nu. Le sang coula et des cris s’élevèrent.

— Calmez-vous, tendres âmes, repartit encore le connaisseur, c’est une vaine… illusion ; le couteau seul est vrai.

Quand le vieux jongleur eut fini ses sortilèges, deux jeunes filles se mirent à danser en secouant, d’un bras gracieux, des tambourines garnies de petites feuilles métalliques. Leurs pieds souples et légers, glissant en cadence, décrivaient sur les planches sonores, des figures étranges comme font sur les ondes bleues