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LE JEUNE ACROBATE

mordants baisers de la foudre ; partout des collines se couronnent de grands bouleaux rouges et de sapins odorants. Et, dans la suprême tranquillité de la solitude, on entend le bruissement d’une feuille, le murmure d’une source, le chant d’un oiseau. Seulement, quand la tempête arrive, les torrents mugissent, les arbres tombent, les lacs écument, les flots bondissent, la nue éclate et le tonnerre roule de montagne en montagne avec un fracas épouvantable.

Nous revenions, un jour, cinq ou six amis, de l’une de ces intéressantes excursions de pêche en pays sauvage. Nous commencions à descendre le Cap Tourmente. À nos pieds, l’île d’Orléans, avec ses florissantes paroisses, semblait une corbeille de fleurs bercée par les eaux ; Québec, sur son rocher noir, à trente milles de distance, luisait comme un astre nouveau dans les fauves lueurs du couchant, et toute la côte de Beaupré, qui descend des montagnes vers le fleuve par