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LE HIBOU

le bonsoir, tout en les invitant à jeter un coup d’œil sur le bel oiseau que nous avions abattu.

La mère Fanfan sortait :

— Où est-il votre bel oiseau, fit-elle ?

— Là, sur le perron.

Elle regardait partout d’un œil furetant :

— Il n’y a pas une plume seulement, reprit-elle. L’oiseau était, en effet, parti.

La vieille ajouta :

— Bien certain qu’il a regagné la masure.

— Je le retrouverai bien, dit Célestin.

Et nous partîmes un peu interloqués. Au faîte de l’escarpement, les cimes des sapins et des épinettes, encore illuminées des feux du crépuscule, étaient semblables à des bouquets gigantesques. Au fond, dans l’ombre qui s’épaississait, l’eau coulait tapageuse, avec des flocons d’écume, et les broussailles qui se penchaient sur elle tout le long de la rive, lui faisaient comme une bordure de deuil. Nous remontâmes à petits pas, dans le sable fuyant,