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BAPTÊME DE SANG

Des soins intelligents me remirent vite sur pied, et je repris le mousquet. Il ne fallait pas le laisser se rouiller, mes enfants ! Cependant l’élan ne fut pas universel. L’organisation était défectueuse, les ressources étaient insuffisantes, les armes, trop rares.

Le temps marchait vite. Nous eûmes des triomphes, nous essuyâmes des défaites. Un jour, voyant qu’il était inutile et dangereux de prolonger une lutte désespérée, nous nous décidons à rentrer dans nos foyers.

La persécution commençait, cruelle, impitoyable. Nous fûmes traqués comme des fauves. Les uns prirent en pleurant le chemin de l’exil, les autres montèrent sur l’échafaud, comme des criminels… Des criminels, mes enfants ! ces hommes honnêtes, ces soldats valeureux qui avaient trop aimé leur pays ! Trop aimé, non, on n’aime jamais trop, même quand on aime jusqu’à la mort !… Demandez au Crucifié.