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BAPTÊME DE SANG

au genou le cavalier qui était à la tête de la troupe. L’engagement devient général. Nous nous battons comme des lions. Nous éventrons des chevaux et nous désarçonnons des soldats. L’ennemi nous croit nombreux, et, pour le confirmer dans son erreur, Viger crie, menace, appelle, se tournant de tous les côtés, comme si le champ eût été rempli de guerriers qui n’attendaient que ses ordres pour accourir.

Bientôt les Anglais sont pris de peur, mes enfants ! Ils faiblissent, lâchent pied, se sauvent ! Viger se jette sur les chevaux qui entraînent les prisonniers, et de son épée leur ouvre les entrailles. Ils roulent dans la poussière. Une clameur de joie monte au ciel. Nous ramenons en triomphe nos compatriotes délivrés enfin de leurs fers.

J’étais blessé. Deux de mes camarades, moins heureux, m’aidaient à marcher, contents de partager ainsi ma gloire. Je retournai dans ma famille.