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BAPTÊME DE SANG

cœurs battent avec violence. Pas de peur, mes enfants ! je vous le jure ! Nous regardons nos mousquets, comme pour leur demander s’ils vont répondre à notre attente et seconder nos efforts. Viger embrasse le sien :

— La mort seule nous séparera, dit-il.

Nous faisons la même chose, et nos yeux s’emplissent de larmes.

Ils arrivent traînant les deux prisonniers.

— Halte ! crie notre chef.

En même temps, nous nous levons et mettons en joue. Les Anglais paraissent ahuris.

— Halte ! crie de nouveau le bouillant Viger… Libérez les prisonniers !

C’est le fusil qui lui répond. Une balle lui effleure la jambe, une autre lui emporte le bout du petit doigt.

— En avant, les braves ! clame-t-il d’une voix formidable.

Et il s’élance le premier. Il barre le chemin aux Anglais. Il fait feu et blesse