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BAPTÊME DE SANG

venait embarrassant, mon cousin hasarda une petite plaisanterie :

— Comme ça, dit-il, vous ne coucherez pas dans votre lit, ce soir, père Désorcy… Pourtant, plus l’oiseau est vieux plus il tient à sa plume.

— C’est vrai, mes enfants ! répliqua le vieillard, mais pour bien traiter les autres il faut souvent se maltraiter soi-même.

Pendant que je cherchais un thème quelconque, ou tout au moins une phrase à défaut d’une idée, il reprit :

— Je vais vous raconter une petite histoire de mil huit cent trente-sept.

— Une histoire de trente-sept ! répondons-nous ensemble, en faisant cercle autour de lui, oui ! oui ! père Désorcy, contez, nous écoutons !…

Il commença :

« En ce temps-là, il y avait de la souffrance et de l’humiliation dans nos campagnes. Le nom français était honni. La religion de Notre-Seigneur n’était pas comprise de nos maîtres. Nous étions