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MAISON HANTÉE

Quand nous fûmes debout, les voitures descendaient la côte de la rivière, dans un sable mouvant et chaud, au milieu des sapins odorants. Célestin proposa d’accompagner le bon Dieu. Je remarquai qu’il filait un peu vite, le bon Dieu, que nous avions une assez longue route à parcourir, à pied, et que notre dévotion un peu entachée de curiosité, ne serait peut-être pas très agréable au Seigneur.

— C’est que j’ai envie d’attendre la nuit, répliqua-t-il.

— Pourquoi la nuit ?

— Nous entrerons dans la maison de pierre.

— Dans la maison de pierre ?… la nuit ?… fis-je étonné.

— As-tu peur ?

Je fus blessé dans ma vanité.

— Peur de qui ? peur de quoi ? répondis-je fièrement. Allons chez Lépire.

Il ne demeurait pas loin. Il habitait une maisonnette d’humble apparence, en deçà de la rivière, dans un fonds de verdure riante, où se dépliaient de grands rideaux