Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
LE BŒUF DE MARGUERITE

vous rendre l’héritage de votre premier père.

C’est le démon de la colère, qui vous fait sauter comme une bouilloire sans soupape, pour un regard de travers ou une parole dure, et vous fait crier à tue-tête des folies que, dans le calme, vous n’oseriez même dire tout bas.

Enfin, c’est le démon de la paresse, le plus sot et le plus méprisable de tous. Ce fainéant vous fait croire que vous êtes fatigués quand vous n’êtes qu’engourdis, et que vous allez de l’avant quand vous reculez. Il vous porte à dormir à la maison quand l’heure du travail sonne, et à l’église, quand votre curé prêche.

Et puis, les commandements de Dieu sont battus en brèche par d’autres anges déchus, bien peu semblables au doux bœuf de Marguerite.

Les uns vous poussent à jurer comme des payens, sous le prétexte que ça donne de l’énergie au discours ou un tour dégagé à l’esprit ; les autres vous font parler du Seigneur comme d’une vieille connais-