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LE BŒUF DE MARGUERITE

hommes qui le méritent si peu ; qui vous empêche de donner au pauvre un morceau de pain oublié dans la huche, et au curé la dîme oubliée dans le grenier.

C’est le démon de l’impureté, cet attrape-sots qui… que… dont… Je vous le dirai au confessionnal.

C’est le démon de l’envie. Un farceur qui vous fait regarder vos félicités et vos biens par le gros bout de la lunette, et, par le petit bout, les biens et la félicité des autres ; un drôle qui vous fait accroire que le potage manque d’assaisonnement chez vous, et qu’il est bien permis de soupirer un peu après la cuisine d’autrui.

C’est le démon de la gourmandise, qui vous porte à boire comme des éponges, et à manger comme des ogres, sans soif ni faim. Si bien, qu’on vous verrait dormir souvent à la belle étoile, dans l’abandon du patriarche Noé, si vous saviez cultiver la vigne ; si bien, qu’on vous verrait saccager tous les pommiers du paradis terrestre, si le bon Dieu faisait la sottise de