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LE BŒUF DE MARGUERITE

sont douces, ce qui ne les empêche pas d’être menteuses. Il n’entre pas avec fracas dans vos demeures, et il se donne garde de vous effrayer. Il n’a pas la figure menaçante d’une bête, mais souvent la forme gracieuse d’un ange ou d’une femme. Il ne brûle pas vos lambris, mais il allume en vos cœurs des ardeurs mortelles.

Et, ce chef suprême des enfers, il voit, comme le souverain des cieux, une légion d’esprits s’empresser à le servir.

C’est d’abord le démon de l’orgueil. Un flatteur qui vous souffle à l’oreille que vous valez votre pesant d’or, quand tout votre mérite se pèserait dans la balance d’un apothicaire ; que vous avez de la vertu quand c’est du tempérament, de l’intelligence, quand votre esprit est de l’emprunt que vous ne pouvez rendre.

C’est le démon de l’avarice. Un vilain qui vous empêche de donner, à votre femme et à vos enfants, les vêtements nécessaires pour venir à l’église, apprendre à aimer le bon Dieu qui le mérite tant, et les