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LE BŒUF DE MARGUERITE

et sans prêter attention aux chantres et aux enfants de chœur qui le saluaient. Mais à mesure qu’il montait les pieux degrés, l’indignation se calmait dans son âme indulgente ; et quand il fut au-dessus de son petit peuple attentif et soumis, toujours dans une enivrante atmosphère de prière et d’encens, il se sentit tout à fait rasséréné. Il retrouva sa bonhomie journalière et son esprit un peu frondeur. Il se moqua de ce démon désœuvré et peu fier qui se cachait dans les entrailles d’un bœuf, et ridiculisa les poltrons qui en avaient peur ; puis il finit par donner une petite leçon de théologie pratique à ses ouailles bien-aimées. Je vais dire tout, cela peut servir.

« Ce n’est pas le diable à poil roux et bien dompté de la pauvre Marguerite qu’il faut éviter et craindre, mes chers frères, commença-t-il, mais l’autre, le vrai, celui qui vous cajole, vous amuse et vous porte au mal sans montrer ses cornes.

Il a sur les lèvres des paroles mielleuses et non des beuglements. Ses promesses