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LE BŒUF DE MARGUERITE

— Il fait meilleur ici que dehors, remarqua-t-elle en déboutonnant sa capote.

— Viens t’asseoir près du poêle, lui dit Jonas, en hiver le poêle vaut mieux que le soleil.

— Et si vous avez faim vous mangerez, ajouta Madame Jonas, par prévenance et pour la mettre de bonne humeur.

— Et si elle a soif elle boira, continua l’un des convives, en riant.

— Et elle chantera, fit un autre.

— Et elle dansera, continua un troisième.

Chacun disait son mot et le rire résonnait comme une cymbale. Personne n’avait peur. La vieille jamaïque soutenait les courages. Marguerite répliqua d’un ton mauvais :

— Vous autres, pesez bien vos paroles et n’essayez pas de vous amuser à mes dépens… Rira bien qui rira le dernier.

Cependant le joueur de violon lui demanda par bravade :

— Veux-tu danser un menuet, je vais mettre mon instrument d’accord ?