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SANG ET OR

Ils furent tentés de tout avouer par vengeance. Mais la vue du trésor qui brillait toujours dans la pauvre sacoche, adoucit peu à peu l’amertume de leurs paroles et de leurs remords. Les querelles devinrent moins fréquentes.

Si dénaturée que soit une mère, il reste toujours, au fond de son cœur, un souffle de l’amour sacré qu’elle seule peut connaître, et ses efforts pour oublier pleinement la sainte joie de la maternité sont toujours inutiles. Et plus elle se plonge dans le mal pour étouffer la voix de la nature, et plus cette voix invincible lui crie :

— Tu es mère ! tu es mère ! tu es mère !

Moins de deux ans après le meurtre du jeune voyageur, son fils, la femme Babylas mourait. Personne ne comprit le mal qui l’emporta. C’était le remords. Elle avait eu le prêtre.

Babylas vécut plusieurs années encore, seul dans son auberge sanglante. Il se disait pauvre, mais personne ne le croyait, et l’on évitait sa porte comme la porte de l’enfer. Plus encore.