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SANG ET OR

Il avait un air un peu rude. La fatigue, peut-être, ou les contrariétés, les mécomptes ; on ne savait. Tout de même, il n’était pas laid avec ses cheveux crépus, son œil perçant, ses joues halées, sa moustache épaisse.

Madame Babylas entra. Il eut un tressaillement et il se leva pour la saluer.

Elle lui demanda s’il voulait prendre une tasse de thé. Il ne faudrait qu’une minute pour faire bouillir l’eau. Il remercia, prétextant la fatigue et le besoin de dormir.

Elle le conduisit dans une chambre assez propre, et blanchie au lait de chaux, en arrière du salon. Elle se retirait, quand il la rappela pour lui confier une petite sacoche de cuir très ronde et bien pesante.

— Prenez-en grand soin, recommanda-t-il, c’est toute ma fortune.

Les yeux de la femme étincelèrent et elle eut un sourire singulier.

— Grand soin, oui, dit-elle… Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.

Quand elle rentra dans la cuisine, Ba-